S’il a attendu 2000 pour fonder Medialive, Daniel Lecomte a eu très tôt la bosse de l’invention. De 1981 à 2000, il a occupé plusieurs postes de responsabilité chez Alcatel et a déposé une centaine de brevets. Son avenir se jouait toutefois ailleurs, au sein de la commission de normalisation des technologies de compression audiovisuelles de l’Afnor dont il est le président, et à l’International Standard Organization. Il fait partie de ceux qui ont porté les normes JPEG et MPEG sur les fonts baptismaux. « J’ai pu admirer son sens du consensus pour faire aboutir des négociations entre participants ayant des intérêts divergents », se rappelle Philippe Wetzel, président de la société Vitec Multimedia.
Il crée en 2002 sa propre société Médialive pour développer une solution radicale de lutte contre le piratage numérique : Enlever une infime partie d’un fichier numérique suffit à rendre celui-ci inutilisable et donc à le protéger, tout en lui conservant la compatibilité avec les formats mpeg. Le procédé Medialive consiste à enlever 1 % du contenu d’un fichier audiovisuel. Avec 99 % de ses données, le fichier devient alors impossible à regarder dans des conditions correctes (pour une vidéo) ou à écouter (pour un morceau de musique).
La réception sur le terminal d’une clef constituée du contenu manquant permet à l’utilisateur de lire immédiatement le document. Dès le fichier consulté, la clef est désactivée et le contenu à nouveau illisible. Daniel Lecomte assure de plus que son système n’est pas piratable : « Ce qui manque à chaque fichier est unique, car propre à son contenu. Même moi, l’inventeur du système, je serais incapable de reconstituer un fichier protégé ». Décédé trop tôt à la suite d’une maladie foudroyante, Médialive a été absorbé par Nagra-Kudelski et à permis de faire pivoter dans le numérique cette société prestigieuse d’enregistreurs sonores portables professionnels vers le numérique et la cybersécurité.