Marius Lavet

Ingénieur pionnier de la mécatronique
1894-1980
Marius Lavet a oeuvré toute sa vie pour faire progresser la technologie des moteurs pas-à-pas en faisant converger la micromécanique avec l’électromagnétisme, puis avec l’électronique.
Considérant que les ingénieurs français ne sont pas suffisamment reconnus, il a légué ses biens pour doter un prix remis chaque année à « un ingénieur français ayant fair preuve d’une activité inventive remarquable ».

SON HISTOIRE

Les origines

La famille Lavet est originaire d’Auvergne et, plus précisément, du Puy-de-Dôme. Le grand-père maternel de Marius Lavet était sabotier, son grand-père paternel agriculteur, et son père aubergiste à Clermont. C’est dans cette ville qu’il naît au domicile de ses parents, 1, rue Blanzat. Il est déclaré le 8 février 1894, né le 6 ou le 7 février (l’état civil porte les deux dates). Sa mère, Jeanne-Marie Fafournoux, était aussi native du Puy-de-Dôme.  

Marius Lavet inventeur

Après des études à Clermont, il est admis aux Arts et Métiers de Cluny en 1910 et en sort parmi les premiers (médaille d’argent). Il poursuit sa formation à Supélec en 1914.  

Mobilisé, il fait la guerre de 14-18 et reçoit la Croix de guerre avec citation. Dès sa démobilisation, ingénieur à la Compagnie des appareils horoélectriques, il dépose, le 23 décembre 1918, un premier brevet au nom de Mme veuve Moulin et de M. Favre Bulle, dont il est le collaborateur. Ce brevet décrit une variante du système Brillié d’entretien du mouvement du balancier dans les pendules. Il est à l’origine de la pendulette électrique indépendante, la « Bulle Clock », qui devait connaître un grand succès et être fabriquée jusqu’en 1970.

Marius Lavet entre en 1923 à la société Hatot, où il est chargé de créer un département d’horlogerie électrique dont l’objectif est d’exploiter des
« systèmes de distribution de l’heure et modèles originaux d’instruments horaires » qui seront vendus sous la marque ATO (horloges à pile). Il a développé de nombreux brevets pour Hatot, dont le moteur pas à pas Lavet, qui porte encore son nom aujourd’hui et est principalement utilisé dans de nombreux mouvements de montres modernes et d’autres applications. Marius Lavet entre en 1923 à la société Hatot où il est chargé de créer un département d’horlogerie électrique dont l’objectif est d’exploiter des « systèmes de distribution de l’heure et modèles originaux d’instruments horaires » qui seront vendus sous la marque ATO. Il y fera toute sa carrière malgré certaines difficultés avec cette société qui conduiront à un procès qu’il gagnera. Il épousera Arnolde Deisenburg le 7 février 1934, on ne lui connaît ni descendants, ni collatéraux.

En 1953, Lavet et Edouard Dietsch obtiennent un brevet pour la première horloge à pendule commandée par transistor de la marque ATO.
Lavet est membre fondateur de la Société française de chronométrie et enseigne de 1952 à 1970 à l’École Nationale Supérieure de l’Aéronautique. De 1953 à 1972, il est membre du comité technico-scientifique du Département Technique du Comité Francéclat (CETEHOR).
Marius Lavet a publié des articles spécialisés dans de nombreuses revues, manuels et ouvrages divers et a reçu de nombreuses récompenses pour ses travaux et ses recherches et a également été fait chevalier de la Légion d’honneur. L’Association Lavet décerne chaque année depuis 2001 le Prix Chéreau-Lavet

Faire accomplir une mutation à une technique riche d’une évolution multiséculaire, et qui semble approcher de son point de perfection, n’était-ce pas la preuve d’une originalité d’esprit jointe à beaucoup de courage, car la compétition industrielle n’est pas indulgente envers les précurseurs.

Picture of Pierre Bezier

Pierre Bezier

à propos de Marius Lavet

Les années au service de l’horlogerie française

La méthode de travail de Marius Lavet, telle qu’elle a été décrite par son conseiller Louis Chéreau, est intéressante : dans un premier temps, il agit comme « guetteur », détecte, parmi les publications, une nouveauté et en recherche des applications dans son domaine d’intérêt. Dans un deuxième temps, il prend garde de ne pas se perdre dans des perfectionnements successifs, mais recherche et fait breveter d’autres applications nouvelles.Sa démarche s’illustre par deux exemples : l’utilisation du transistor en horlogerie et le petit moteur pas à pas bipolaire.

En mars 1948, il prend le brevet n° 986536 sur les horloges électriques. Or, au mois de juin suivant, les Bell Laboratories annoncent une importante découverte, sou sla forme d’un petit appareil, de la taille d’un ongle, destiné à remplacer les lampes triodes ou autres et pouvant servir d’interrupteur et d’amplificateur : le transistor. Ce mécanisme possède de nombreux avantages, tels que son faible volume, sa faible consommation et la suppression des contacts mécaniques dans les systèmes électriques d’entretien du mouvement qu’il rend possible. Marius Lavet entrevoit tout de suite, malgré le scepticisme ambiant, les avantages à l’utiliser en horlogerie. Dès juillet 1949, il dépose un additif (n° 60520) à son brevet.L’application viendra en septembre 1953 par un brevet n°1090564 pris pour la France, et par 16 autres brevets pris dans 9 pays, dont les États-Unis et l’Allemagne. Ce qui lui permettra simultanément de faire opposition à un brevet pris par des Japonais.

Outre l’application à l’horlogerie traditionnelle, une vingtaine de brevets ultérieurs concernent divers mécanismes d’horlogerie à transistor.

De la retraite au prix Marius Lavet

Dès novembre 1953, fidèle à son désir de faire partager cette avancée technologique, il publie un article dans les « Annales de chronométrie ».L’évolution du moteur bipolaire à impulsions électriques, quant à lui, fait l’objet du brevet n° 971418 pris en mai 1940, déposé par la société Hatot, mais dont la paternité sera reconnue à Marius Lavet en mai 1963. Ce premier moteur préfigure le moteur pas à pas, dit « moteur Lavet », ainsi que son utilisation par la suite en horlogerie fine, voire en bijouterie, avec l’emploi rapide des nouveaux matériaux magnétiques comme le platine cobalt.

Ce moteur pas à pas utilisé en horlogerie permettra à l’industrie horlogère européenne, avec les montres électroniques à quartz et à aiguilles, de lutter contre l’invasion japonaise des montres à affichage numérique, et de ne pas sombrer.

LES DATES CLES

LES RECOMPENSES

1969

Prix Hagg

1972

Insigne d’or
du 9e Congrès international
de chronométrie

1971

Prix
de l’Académie
des Sciences

1976

Prix

Nessim Habif

1995

Chevalier
de la Légion d’Honneur

Le moteur Lavet

Le principe de ce moteur est simple :

  • Un rotor aimanté, et un stator bobiné alimenté par l’intermédiaire de plusieurs transistors jouant le rôle de contacteurs successifs lors de la rotation. Ce moteur peut être plat ou cylindrique.

  • La suppression du collecteur et la multiplication du nombre des transistors permet d’adapter les utilisations aux différents besoins.C’est ainsi que l’on a pu atteindre des vitesses de rotation de 100 000 tr/min et des puissances massiques voisines du kilowatt par kilogramme.
 

Dès novembre 1953, fidèle à son désir de faire partager cette avancée technologique, il publie un article dans les « Annales de chronométrie ».L’évolution du moteur bipolaire à impulsions électriques, quant à lui, fait l’objet du brevet n° 971418 pris en mai 1940, déposé par la société Hatot, mais dont la paternité sera reconnue à Marius Lavet en mai 1963. Ce premier moteur préfigure le moteur pas à pas, dit « moteur Lavet », ainsi que son utilisation par la suite en horlogerie fine, voire en bijouterie, avec l’emploi rapide des nouveaux matériaux magnétiques comme le platine cobalt.

Ce moteur pas à pas utilisé en horlogerie permettra à l’industrie horlogère européenne, avec les montres électroniques à quartz et à aiguilles, de lutter contre l’invasion japonaise des montres à affichage numérique, et de ne pas sombrer.